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Education scolaire

 

Ayant 2 filles scolarisées, l'éducation est un sujet qui me préoccupe particulièrement. Je m'interroge sur l’intérêt d'une école qui prône l'obéissance et l'abnégation comme valeurs ultimes. Que demande t'on à nos enfants aujourd'hui dans l'enceinte de l'école ? à être de "bons" élèves, mais qu'appelle t'on "bons" élèves ? Quels sont les critères de nos écoles pour déterminer qui sera "bon" et qui sera "mauvais" ?

 

Etre sage et obéissant semblent être 2 critères prépondérants pour définir un "bon" élève. Mais est-ce cela qui permet de construire des adultes sûr d'eux et parés pour la vie ? D'une certaine manière oui, si l'on considère que l'on aura toujours quelqu'un "au dessus" de nous, un chef, une hiérarchie... Mais qu'en est-il alors de ceux qui voudront se lancer dans leur propre activité, être leur propre patron  ? Ne sont-ils pas désavantagés d'entrée de jeu et étant formatés selon un modèle qui ne sera pas le leur ? Pourquoi l'Education Nationale priorise t'elle ce modèle plutôt que celui de l'indépendance et de la connaissance et de la valeur de soi ?

 

Quel est le but d'une école qui fait apprendre pour apprendre, qui gave pour ensuite faire régurgiter une quantité toujours plus grande d'informations, dont une grande partie s'avère finalement totalement inutile dans la vie !? Une leçon, aussitôt apprise sera aussitôt oubliée. Ce processus ne semble là que pour classer, ordonner, mettre les enfants dans des cases, allant du timide, du nerveux, du studieux, au "modèle".... Que donneraient les résultats d'une "évaluation" qui aurait lieu ne serait-ce qu'une semaine après avoir "appris" la leçon ? Une leçon "utile" et bien apprise n'est-elle pas sensée être apprise "pour la vie" ? Je doute très fortement que la méthode d'apprentissage actuel permette d'avoir une note correcte dans ces conditions. Régurgiter une leçon "apprise" le lendemain est chose aisée, 3j après, tout est déjà oublié ! L'amalgame est facile et rapide entre mémorisation et compréhension. Avoir su mémoriser une leçon ne signifie pas qu'elle ait été comprise, et encore moins qu'elle sera mémorisée sur la durée. Par contre, la compréhension, elle, permet une mémorisation "automatique', qui même si on finit par oublier, permettra de se remémorer l'essentiel, grâce au bon sens et à la déduction. Je m'insurge également contre le "par-cœur', qui, même si il peut s'avérer utile pour quelques apprentissages bien spécifiques comme les tables de multiplication, n'a, à mon sens aucun intérêt pour une dictée ou une leçon de géographie. "Les leçons sont enseignées", "é.e.s" parce qu'on l'a "appris" "bêtement", ou "é.e.s" parce que accord du participe passé avec le verbe être au féminin pluriel ? Changez un mot dans la phrase, remplacez un nom féminin par un nom masculin et 50% des élèves feront la faute d'accord dans une dictée apprise par cœur ! Là encore, cette méthode me laisse un goût de "gavage" où aucune place n'est laissée à la réflexion ni à l'esprit critique et qui pour un apprentissage ponctuel s'avère sans fondement, mis à part une note correcte à l'évaluation qui suit...

 

J'ai suivi un cursus scolaire "exemplaire", sans aucun redoublement, enchaînant les années et les diplômes de façon "parfaite". Tout cela pour finir ingénieur. Si je regarde en arrière avec un œil critique mais objectif, je réalise que 80% de ce que j'ai eu à apprendre n'a servi "qu'à" faire des interrogations permettant d'évaluer mon niveau et de me classer en relatif par rapport à mes petits camarades.... en allant du premier au dernier. Les premiers étant théoriquement destinés à une belle carrière et les derniers à finir chômeur ou dans la rue. Qu'en est-il réellement ? La vérité est bien différente, et les plus "démerde", qui sont aussi parfois (souvent ?) les derniers de la classe, ont su dans bien des cas, tirer leur épingle du jeu et vivre de leur passion, ou de leurs qualités innées. Il aura fallu pour cela qu'ils réussissent à les conserver intactes même lorsqu'elles n'étaient pas toujours valorisées ni même reconnues ou appréciées en classe. Un élève un peu trop loquace pouvant devenir un excellent commercial subira une scolarité durant laquelle il sera muselé et constamment taxé de bavard ou de perturbateur. Le risque majeur étant que l'école finisse par détruire cette qualité intrinsèque à force d'oppositions et de luttes révélatrices d'un manque de conformisme. Toute singularité risque ainsi d'être effacée, balayée, face à une autorité auto-déclarée et obtuse à toute tentative d'expression. L'école peut ainsi être perçue comme une énorme machine de conformation des esprits rendant les "meilleurs" et futurs dirigeants les porteurs de flambeau de cette idéologie castratrice, et éliminant les moins "adaptables" et les limitant à des rôles annexes et en marge de la "normalité", et parfois de la société...

 

Est-ce cela que l'on attend de nos écoles ? Ou attend on plutôt qu'elle révèle le meilleur de chacun de nous, afin de faire de nous des adultes autonomes, épanouis et heureux ? à vous de choisir...

 

J'entends déjà les sifflets de ces professeurs et instituteurs qui se donnent au quotidien pour "faire de leur mieux" dans des conditions parfois très difficiles, avec des élèves insupportables ou n'étant pas à leur place dans un système scolaire qui n'est pas fait pour eux. Dans ce cas, pourquoi s'obstiner à vouloir rendre l'école obligatoire si elle n'est plus en mesure de fournir un enseignement adapté à la multitude d'élèves qui se pressent, forcés contraints, à ses portes ? Pourquoi risquer le nivellement par le bas qui lui-seul permet, dans ces conditions, de maintenir des statistiques de réussite satisfaisantes ? Pourquoi vouloir limiter ou interdire les redoublements ? Quel évolution du niveau moyen espère t'on à moyen et long terme dans ces conditions ?

 

Je n'ai bien sûr pas les réponses à toutes ces questions, je souhaite seulement susciter la réflexion pour le bien de tous, professeurs comme élèves, afin que chacun puisse donner le meilleur dans les conditions les plus propices possibles, étant intimement convaincu que l'école d'hier n'est plus un modèle viable aujourd'hui. L'école n'a pas su se renouveler et s'adapter aux nouveaux modes de vie. En une génération, Internet, les moyens de communication, ont bouleversé les méthodes d'apprentissage, d'échange, de jeu de nos enfants, bien plus rapidement que jamais de par le passé. Comment une école qui n'a pas su évoluer peut-elle être en mesure de répondre aux besoin des enfants d'aujourd'hui ? Tient-elle compte de leurs nouvelles sensibilités, de leur nouvel environnement de vie, sociale, culturel, familiale ? Est-il toujours indispensable d'apprendre la date d'invention de l'imprimerie à l'ère des tablettes et du tout numérique ? Le contenu des cours n'est-il pas resté bloqué dans un passé révolu ? "Nos ancêtres les Gaulois" permettent-ils aujourd'hui d'argumenter face à un futur employeur potentiel ? 

 

Pourquoi n'apprend t'on pas plutôt aux enfants à se connaitre ? à se révéler à eux-mêmes et aux autres ? Pourquoi n'apprend t'on pas la spiritualité, le vrai respect d'autrui, celui qui vient de lui-même, pas celui que l'on tente d'imposer ? Comment fonctionnent les interactions humaines, la connaissance et le respect de soi.. Combien de fois me suis-je déjà exclamé, "Mais pourquoi n'apprend on pas cela à l'école !!!??". C'est à vous, professeurs, instituteurs, de faire bouger les choses aujourd'hui, pour les enfants, nos enfants, pour leur avenir. Ne restons pas figés dans des valeurs et des usages désuets et osons remettre les choses en cause en étant actifs et force de proposition, en recherchant et s'informant sur des modes d'éducation alternatifs, qui deviendront tôt ou tard les seuls moyens d'enseignement possibles.

 

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