Sans titre

"Charité bien ordonnée commence par soi-même"

 

Un gros malentendu est à lever lorsque l'on parle de respect de soi. Bien souvent, nous considèrons que le respect de soi va à l'encontre du respect de l'autre, car le raccourci est vite fait entre respect et égoïsme. Trop souvent, se respecter se traduit par être égoïste, ou se faire passer avant l'autre. Il n'en est rien, et au contraire, le respect de soi conduit inévitablement au respect de l'autre.

En effet, quel respect de l'autre y a t'il si nous faisont passer ses besoins avant les nôtres ? Comment considerer ce "don" d'une personne qui ne se respecte pas elle-même ? comme du vol ? du viol consenti ? Quel valeur attribuer à ce "don" qui n'est finalement qu'un chèque en blanc...

 

Qu'entend on par respect de soi ? Se respecter, c'est effectivement se faire passer "avant" l'autre, prendre en considération ses besoins avant ceux de l'autre. De par notre éducation, au sens large (familiale, culturelle, religieuse...), nous avons appris à considérer cela comme de l'égoïsme, laissant ceux qui s'y risquaient hériter d'une bonne dose de culpabilité. L'amour conditionnel était un piège particulièrement propice à nous faire sombrer dans ce mécanisme déviant. Pour s'épargner toute culpabiltié, le plus simple et le plus habituel était donc de se préoccuper de l'autre, de ses besoins, d'y répondre, pour seulement, ensuite, se préoccuper de ce dont nous avions besoin, si il nous en restait la force et le courage. Bien souvent cependant, à force de fonctionner ainsi et de négliger notre essentiel, nous perdions la foi et la force de se battre pour nous-même, devenant des espèce de pourvoyeurs de besoins aux autres, dans l'oubli total de soi. J'aurais pu préciser pourvoyeur "inconditionnel", tellement cela se faisait sans le moindre esprit critique ni bienveillance envers soi-même. Nous avons ainsi parfois appris, lentement, mais sûrement, à nous négliger, à nous oublier au profit d'autrui. Cela pouvait être tellement bien ancré en nous qu'il nous paraissait normal et naturel d'agir ainsi, pour l'autre, et la plupart du temps, contre soi, malgré ce qui nous avait été vendu comme une manière épanouissante de vivre procurant reconnaissance et amour en retour.

 

Mais un beau jour, on réalise que l'on en peut plus de donner donner donner, sans compter, avec des retours plus ou moins présents et bienveillants. On fini lentement par se vider de cet amour qui pourtant est parait-il inépuisable !? Il l'est, en effet, mais lorsque l'on prend garde à s'en faire bénéficier en premier lieu. Et cela passe par l'écoute et le respect de soi-même, lorsque l'on apprend à se "servir" en premier. Je ne parle pas là du partager d'une ressource extérieure, mais bien de l'amour qui nous est propre. Comment donner quelque-chose qui fait défaut en nous ? Comment aimer si l'on ne s'aime pas ou que l'on a pas appris à s'aimer d'abord !? Il est simple de comprendre que l'on ne puisse donner de l'argent infiniment. Que lorsque l'on a vidé son compte, il devient débiteur et il ne peut plus renflouer aucune caisse. Il en est de même de l'amour, à la différence que l'amour peut-être généré à l'infini, sans nécessiter la moindre ressource extérieure, mis à part l'attention que l'on a de se servir en premier et de ne pas s'en démunir totalement. Il faut ainsi savoir prendre des pauses, pour se régénerer, se recharger, et pouvoir donner à nouveau. Le danger lorsque l'on donne sans compter, c'est de tarir notre propre source. Si nous n'avons pas appris à nous donner suffisamment d'amour avant tout, nous devenons alors dépendants d'autrui, de celui qui voudra bien nous donner notre dose, qui si elle est minime, nécessitera une nouvelle dose, obtenue au bon vouloir de l'autre, ou des autres. Si l'on s'adresse à des personnes qui, comme nous pouvons l'être, sont en déficit d'amour, le danger est alors d'en venir à baisser toujours plus notre niveau de respect et d'exigence pour soi-même, afin d'obtenir des doses de plus en plus minimes d'amour. Un autre mal répandu qui rentre en résonnance avec ce phénomène est la croyance selon laquelle on ne peut être aimé que si l'on donne à l'autre (amour, temps, argent, attentions..). Là encore, l'autre devient le seul et unique pourvoyeur d'amour possible, et la dépendance (affective) n'est pas bien loin. 

Pour sortir de ce cercle infernal, il est nécessaire de "fermer les vannes", de ne plus rentrer dans le jeu du je donne (toujours plus), pour recevoir (toujours moins), et de se reconstituer, à force de courage et de développement d'amour pour soi, son "stock mini" d'amour, juste suffisant pour sortir de la dépendance à l'amour des autres. Ensuite, rester vigilent pour ne pas retomber dans ces mécanismes quasi-inconscients, si longtemps utilisés et tellement pratiqués qu'ils restent au départ automatiques, surtout au début, ou notre stock est encore très limité et très fragile, et où la moindre inatention risque de nous faire retomber sous le seuil critique du je m'aime 'un peu'. Durant cette phase d'extrême attention, il peut être bon de s'éloigner, au moins temporairement, des personnes qui semblent nous demander le plus. Ces personnes qui, en grande détresse d'amour pour elles-mêmes, sont en quête quasi continuelle d'amour se servant au passage, vers toutes les âmes qui voudront bien leur en donner. Cela est possible lorsque l'on a soi-même reconstitué son stock, mais dangereux, voir suicidaire, si l'on est proche de la rupture de stock, se sacrifiant en quelque sorte, pour une personne dont la situation est tout aussi désespérée que la nôtre !

Apprendre à se respecter et à se faire passer en premier devient alors le meilleure moyen de "reconstituer son stock", pour ensuite, mieux le redistribuer à tout ceux qui en ont besoin, mais de façon raisonnée et consciente, sans risque pour notre intégrité propre et notre estime de nous-même !

 

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